Voici un post de petit-déjeuner. Il y a des jours comme ça où on se lève et en lisant quelque chose entre deux tartines, paf, comme une évidence : curieux besoin d'écrire. Pour se rappeler peut-être, mais aussi un peu le partager.
Quelques moments magiques que le tango m'a offert...
J’ai été touchée par la grâce. Quatre fois au moins. En dansant le tango.
La première, Syracuse. Cette rencontre avec la douceur de l’autre et moi-même, mon axe, et la découverte de l’écoute absolue, l’écoute de la micro-seconde, chaque instant porteur d’une nouvelle information, d’un nouveau mouvement infime. La découverte de cette bulle autour de nous et flotter dans les nuages.
La deuxième fois, Madrid, Barrio de tango, à cent mètres de ma maison, trois valses, l’expérience de l’amour parfait. L’écoute présente et douce, non envahissante, le respect absolu de l’autre, la présence sans envahir, le soutien sans le poids, la douceur, le contact, l’harmonie, la joie, le bien-être profond... et encore les nuages, cette impression de flotter à quelques centimètres du sol. L’impression de l’autre en moi mais sans m’envahir. L’existence harmonieuse des contraires.
La troisième fois, juste après mon burn-out, Madrid toujours, Bien Porteña, cet argentin un peu dur, Canaro, et puis je me dis “ce que j’ai à offrir c’est tout ce qu’il y a, rien de plus, rien de moins, je suis comme je suis”. J’ai dansé en étant parfaitement moi-même, une de mes plus merveilleuses tanda, une belle connexion avec la musique et l’autre et surtout la beauté d’être soi-même et de se rendre compte qu’on n’en souffre pas et bien au contraire c’est la plus merveilleuse des choses.
La quatrième fois, Madrid, Bien Porteña, à nouveau, les deux dernières tandas. Ce doux danseur, pas le meilleur mais si délicat et puis ensuite un de mes danseurs favoris, doux et subtil. Pugliese sans doute pour la première (drôle de musique pour rentrer en transe me direz-vous ?). Tout à coup je me dis “laisse couler, laisse toi aller”, mais je ne perds pas le contrôle, autre chose se passe, la technique et la pratique assidue maintiennent mon corps dans la présence nécessaire à la danse, et d’un autre coté quelque chose de profond se relâche, peut-être est-ce cela le lâcher-prise, ceci dit je suis consciente de tout le chemin de pratique et persévérance de l’apprentissage nécessaire pour en arriver là. Je lache. Je me “laisse aller”. C’est merveilleux. Je coule. Mon partenaire et moi devenons une rivière. Je nous vois même danser de l’extérieur. Je suis, nous sommes un fluide. Nous coulons le long de la terre. Nous ne résistons à rien. C’est un état merveilleux. C’est si apaisant. La tanda se termine. Puis m’invite directement cet autre danseur que j’aime tant. Et clac, cet état se ré-enclanche immédiatement. Nous continuons de couler, d’être ce fluide si naturel et de suivre sans résistance la beauté de ce qui est simplement là. Il n’y a pas de question, pas de doute, pas de peur, pas d’après ni d’avant. Il y a cette état que le verbe español “fluir” décrit parfaitement. Et la milonga se termine et ce bien-être si profond demeure en moi jusqu’à mon coucher.
Les apprentissages de tout ceci sont assez simple et évidents, et pourtant ô combien difficile à pratiquer quand l’ego rentre en jeu.
La voie est dans la pratique, l’assiduité et l’oubli de soi ou bien plutôt l’acceptation totale de soi.
Ceci dit je ne peux chercher cet état de grâce. Cette expérience spirituelle s’offre à moi sur le chemin, tel un cadeau. Ce qui compte c’est que je sois sur le chemin, pour qu’elle m’y trouve.
On ne peut forcer les choses. Mais celui qui cherche, pourvu qu’il continue de chercher, trouvera ou “sera trouvé”.
Bon et bien je crois que je vais reprendre un peu plus assidûment la pratique moi hehe :)
Bon lundi !